Comment une bonne stratégie de propriété intellectuelle peut booster votre croissance
Société indépendante basée à Bordeaux, Aquinov est spécialiste en propriété intellectuelle. La société accompagne les acteurs économiques dans la protection et la valorisation de leurs créations et innovations. Partenaire de La French Tech Bordeaux, Aquinov proposera régulièrement sur notre site des analyses de cas et conseils. Voici le premier numéro.
Trop cher. Ça ne sert à rien. Ça va nous empêcher de faire évoluer notre techno au bon rythme. Notre boîte est trop light alors laissons ça aux grands groupes… Stop aux idées reçues qui circulent sur les sujets de propriété intellectuelle ! Nous entendons très régulièrement des objections lorsque nous intervenons auprès des entrepreneurs et de leurs équipes. Alors, nous allons vous réconcilier avec la propriété industrielle en vous expliquant pourquoi, et comment, elle constitue une force et un véritable levier de croissance.
Laissons de côté pour le moment le jargon métier lié aux marques, brevets, dessins et modèles, ou autres droits de propriété intellectuelle qui pourraient vous concerner. Nous allons dans un premier temps nous concentrer sur ce qui fait battre le cœur de votre entreprise, à savoir votre concept, votre idée de départ et surtout son exécution, votre innovation, votre procédé unique.
Protéger la première phase de développement
Pour développer son Minimum Viable Product, une startup doit mobiliser plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’euros et y consacrer au moins 6 mois. Cette phase cruciale est rapidement suivie d’un risque concurrentiel élevé du fait de sa « mise à nu » lors de sa confrontation au marché. Aussi, pour sécuriser l’investissement réalisé, protéger cette première phase de développement semble plus que pertinent afin de ne pas avoir dépensé à perte son temps et son argent.
En effet, qui dit innovation ou disruption, dit fort potentiel et rapidité de mise sur le marché, ce qui en pratique se traduit par une multiplication de risques associés comme la concurrence déloyale ou la contrefaçon. Créer un super produit et se le faire copier arrive fréquemment, et la propriété intellectuelle est souvent LA solution pour sortir vainqueur du combat et protéger son business.
Une entreprise américaine, WobbleWorks, en a fait l’expérience et a littéralement sauvé son modèle grâce à sa stratégie PI. Il y a environ 10 ans, Maxwell Bogue (co-founder) a créé le premier stylo pour dessiner en 3D. Avec son équipe, ils passent un an à mettre au point le produit final qui deviendra le célèbre 3Doodler.
Une fois la technologie aboutie, ils décident de la commercialiser mais au préalable les fondateurs prennent soin de la protéger par brevet aux Etats-Unis mais également dans les pays d’export majeurs identifiés, comme la Chine, le Mexique, Hong Kong, la Corée du Sud, ou encore l’Australie. Le coût important de ces dépôts et les délais nécessaires pour obtenir ces protections, les ont interpelés mais en rien découragés car ils étaient convaincus de l’importance de ces démarches.
Pendant les deux premières années qui ont suivi leur lancement commercial, ils ont dû faire face à une vague fulgurante de contrefaçons qui s’est rapidement propagée sur un marché en très forte croissance.
Les imitateurs, sans scrupule, allaient même jusqu’à utiliser des images créées avec le produit original pour faire leur promotion.
Cette concurrence aurait pu tuer leur société. Mais ils ont décidé de se battre et de mobiliser 2 millions de dollars en frais juridiques pour mener des procédures à l’encontre des contrefacteurs, et ainsi épurer le marché des copies bas de gamme. Cette bataille juridique a permis à l’entreprise d’asseoir sa position de leader et de façonner son marché en imposant la qualité du produit. Ses ventes ont doublé suite à ces actions et l’offre à destination des professionnels a carrément explosé grâce à la légitimité acquise.
En luttant contre cette concurrence sauvage, ils ont certes dans un premier temps ralenti leur développement mais pour mieux repartir et se renforcer. Maintenant, parfaitement concentrés sur leur business, ils accélèrent leur R&D et développent des produits dont le succès commercial est garanti.
Protéger ses inventions permet de s’assurer un monopole d’exploitation sur son marché, et de bénéficier d’un fort atout commercial. La protection permet également de valoriser l’entreprise, en renforçant sa crédibilité mais également en offrant la possibilité de consentir des licences à des tiers sur la technologie protégée ou sur la marque, pour assurer son développement tout en percevant des redevances.
D’un côté, vous empêchez toute contrefaçon et éviter la concurrence déloyale, de l’autre vous faites prospérer votre entreprise.
La biotech belge Celyad, qui développe des thérapies cellulaires pour cibler le cancer, a misé sur cette stratégie gagnante. C’est ainsi qu’en 2017, la société a octroyé au géant pharmaceutique Novartis une licence sur deux de ses brevets « relatifs à l’utilisation de cellules CAR-T allogéniques ». Celyad percevra, « en plus d’un montant à la signature de l’accord, des paiements liés au développement clinique, règlementaire et commercial des cibles développées par Novartis pour un montant total maximal de 96 millions de dollars ». De quoi vous convaincre de faire breveter vos innovations !
La propriété industrielle représente avant tout un investissement, gage de réussite
Une étude menée conjointement par l’OEB et l’EUIPO, et publiée début 2021, confirme qu’il existe une forte relation entre la détention de droits de propriété industrielle et les performances des entreprises, particulièrement pour les PME. Selon une autre étude publiée par France Brevets et l’Ecole des Mines, les startups détentrices d’un brevet auraient trois fois plus de chances de réussite commerciale ou de lever des fonds.
La propriété intellectuelle cimente les relations commerciales entre les jeunes entreprises et les grands groupes, garantissant pour les premières la sécurité de leur développement et pour les seconds l’exclusivité. A titre d’exemple de partenariat « win-win », Valbiotis a signé en 2020 un partenariat stratégique global avec Nestlé Health Science pour le développement et la commercialisation de TOTUM-63, substance active issue du végétal ayant cliniquement démontré des bénéfices métaboliques chez les prédiabétiques.
En contrepartie de ces droits, Nestlé Health Science s’engage à verser un paiement initial de 5 millions de francs suisses, auxquels s’ajouteront des paiements d’étapes liés au développement et aux ventes, ainsi que des royalties progressives sur les ventes nettes. Le partenariat soutiendra Valbiotis en garantissant notamment le financement des dernières phases de développement clinique de TOTUM-63 jusqu’à l’obtention des allégations de santé auprès des autorités américaines et européennes.
Des investisseurs hautement avertis sur les questions de propriété intellectuelle !
Les Corporate Venture Capital sont particulièrement attentifs à la détention des droits de propriété industrielle, notamment les brevets sur des technologies avancées, dans des environnements hyper concurrentiels comme la biotech. Ils sont beaucoup plus enclins à s’engager aux côtés d’entreprises qui ont une véritable stratégie en la matière. Dans le cadre de leurs collaborations avec les startups, 69% des grands groupes s’assurent de la protection des marques et des brevets sur les produits et technologies développées.
La success story de Dynacure est un bel exemple à suivre en matière de stratégie de propriété industrielle au service de la croissance. La biotech développe de nouveaux traitements pour les patients atteints de maladies orphelines graves. En 2018, elle a bouclé une levée de fonds d’un montant de 47 millions d’euros qui la place dans le top des entreprises françaises ayant attiré d’importants investissements. Le succès de cette entreprise réside dans sa capacité d’innovation et sa célérité à la protéger. Chaque étape de la croissance de Dynacure s’illustre par un résultat de recherche concret et protégé par un brevet, qui a renforcé la légitimité de la société et déclenché l’engouement d’un nouvel investisseur ou d’un partenaire pour un accord de co-développement.
Le contentieux de la propriété industrielle : une nouvelle donne business
Les poursuites judiciaires pour faire valoir ses droits peuvent sembler constituer un passage obligé coûteux et chronophage, effrayant, mais là encore cette étape contentieuse peut-être stratégique.
D’une part, il existe de nombreuses voies intermédiaires pour transiger en s’appuyant sur les droits de propriété industrielle acquis. D’autre part, le contentieux PI est devenu un vrai curseur business. Aujourd’hui, des fonds spécialisés dans le contentieux de la propriété industrielle sont créés par des acteurs qui ont identifié un nouveau moyen de faire fructifier leurs actifs en misant sur des startups ayant développé une véritable stratégie en la matière. Ainsi, à titre d’exemple, GLS CAPITAL Partners Fund a levé 345 millions de dollars pour financer des litiges commerciaux et des litiges de propriété intellectuelle dans les secteurs technologique et pharmaceutique.
Le coût de la propriété industrielle et d’un bon conseil : un frein potentiel ?
Les budgets à consacrer sont bien souvent inférieurs à ce que les entrepreneurs envisagent. Par ailleurs, il existe des dispositifs d’aides pour accompagner les sociétés innovantes dans leurs démarches de protection notamment en phase d’amorçage : le Pass PI de l’INPI et la Prestation Tremplin Innovation par Bpifrance, la Région Nouvelle-Aquitaine et ADI Nouvelle-Aquitaine. Les conseils en propriété industrielle et les structures d’accompagnement proposent des réunions d’information et des rdv personnalisés pour faire le point sur votre situation et vous conseiller. Un premier entretien ne vous engage à rien !
Investir 50 000 euros pour développer son premier produit, puis 150 000 euros pour tester son marché et ne pas miser sur les quelques milliers d’euros de départ pour déposer une demande de brevet pour assurer la protection de son invention et un monopole sur son marché, un pari très risqué. Qu’en pensez-vous ?
Article rédigé par l’équipe d’Aquinov
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