Innovation et Défense – 12 recommandations
Alors que la dernière Loi de Programmation Militaire (2019-2025) a pour 4ème volet « Innover pour faire face aux défis futurs », la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces Armées du Sénat, a mandaté les sénateurs Cédric Perrin et Jean-Noël Guérini afin qu’ils évaluent les conditions de réussite de l’innovation dans la défense, effet de mode ou nécessité durable. Alors qu’ils dressent un tableau mitigé des efforts déjà réalisés en la matière, ils mettent l’accent sur 12 recommandations, dont certaines s’intéressent directement aux startups innovantes. Ils font en effet le constat que les PME, ETI et startups innovantes hésitent à se lancer sur ce marché – du fait de son peu de lisibilité quant à ses besoins, de son apparente longueur et complexité, de la peur du pillage de leur innovation et du manque de financement.
Changement profond de culture des acteurs de la défense : Le souhait des sénateurs est que le monde de la défense s’ouvre à la culture du risque, passant à un management de l’innovation centré sur l’usager. La vitesse d’intégration de l’innovation n’en sera qu’augmentée. L’innovation planifiée ne sera pas sacrifiée, mais l’innovation ouverte doit se développer – l’innovation civile courte doit pouvoir être captée et intégrée rapidement et dans un processus adapté au monde militaire.
Financement plus efficace de l’innovation : Ils souhaitent que l’Etat soutienne la recherche privée, notamment au niveau du financement du prototype ou du démonstrateur lié à leur innovation. Un instrument de financement de l’amorçage et démarrage des startups devrait également être imaginé. Avec le lancement du Fonds de défense européen, il sera également du ressort du gouvernement français que de promouvoir l’innovation des PME/ETI et startups françaises à ses partenaires européens, afin qu’ils puissent en bénéficier (celui-ci ne fonctionnant qu’avec l’association d’un grand groupe et d’une plus petite entreprise de nationalités différentes). La constitution d’un cercle des investisseurs de la défense qui puisse soutenir un fonds privé d’investissement dans l’innovation duale (civile et militaire), et la labellisation des entreprises porteuses d’innovation de défense jugées prometteuses, est également perçu comme un moyen de soutenir ces entreprises, et d’éviter leur passage sous capitaux étrangers. Les plans d’études en amont (PEA) seront modifiés, afin de rendre plus perméable à l’innovation, et ce de manière continue, les programmes d’armement. Ces PEA seront rendus accessibles aux startups. Afin que les startups ne pâtissent pas d’un différent d’achat, les gels et mis en réserve de crédits dédiés à l’innovation devraient être proscrits.
Des acteurs de l’innovation au cœur même de la défense : Alors qu’il s’agira dans les prochains mois de conforter le rôle de l’Agence d’Innovation de Défense, celle-ci se développera également dans les territoires, afin de capter les startups, PME et ETI au sein des clusters, pôles de compétitivité, réseau de recherche ou réseaux des associations d’industriels.
➔ L’objectif est de mettre en avant des démarches déjà existantes dans le secteur de la défense pour soutenir l’innovation et les startups et Exemples de financement de l’innovation privée par l’armée : les accompagnateurs de startups du GICAT (Generate) et du GICAN (SeaStart), ou encore les Seanovation days de Euronaval, le rôle du CORIMER qui concentre l’ensemble des solutions de financement liées au secteur maritime (naval civil et militaire) etc. Dans le cadre de Generate par exemple, on retrouve le Flyboard de Franky Zapata, ou encore la startup Earth Cube, qui propose une solution de surveillance avec l’imagerie satellitaire.
Rapport d’information du Sénat
Article rédigé par l’association APRI Influence de Sciences-Po Bordeaux en partenariat avec French Tech Bordeaux