Recruter un doctorant : comment bénéficier des compétences d’un jeune chercheur en formation ?
Notre afterwork écoles-startups du 12 avril dernier a permis d’aborder quelques sujets liés au recrutement et à la formation. Le recrutement de doctorants constitue un vrai accélérateur pour la R&D des startups. Un talk consacré à cette thématique nous a permis d’en savoir plus.
La thèse CIFRE, un dispositif de collaboration entreprise-laboratoire
Antoine Bouteilly, responsable du service contrats de recherche et valorisation à l’Université de Bordeaux, nous explique ce qu’est une thèse CIFRE :
« Il y a plein de façons pour une entreprise de travailler avec un laboratoire de l’Université, pour réaliser des prestations de service, faire de la mise à disposition, pour aller répondre ensemble à des appels à projets et chercher des financements, faire des collaborations de recherche, comme la thèse CIFRE. Une CIFRE, c’est un projet de collaboration entre une entreprise et un laboratoire avec au cœur de ce projet, une thèse, un doctorat. Donc c’est un projet de 3 ans qui va être dirigé à la fois par quelqu’un dans un laboratoire et quelqu’un dans une entreprise, un responsable scientifique, autour du travail d’une troisième personne, un doctorant.
La CIFRE c’est un ménage à quatre, puisqu’à côté de l’Université, qui représente le laboratoire, à côté de l’entreprise, qui va recruter le doctorant, il y a aussi l’ANRT, qui est une association qui finance ce dispositif. Elle va verser à l’entreprise le financement pour couvrir le salaire du doctorant. La CIFRE, c’est un dispositif qui existe depuis 1980, c’est quelque chose qui fonctionne bien. A l’Université on s’occupe surtout du contrat entre le laboratoire et l’entreprise, du financement, du déroulement de la thèse, du programme scientifique et aussi de la propriété intellectuelle. Le but, pour l’entreprise, c’est de venir chercher l’expertise scientifique au laboratoire, c’est de développer des résultats, qu’elle va ensuite pouvoir intégrer à ses process, qu’elle va pouvoir exploiter, et tout ça c’est encadré par le laboratoire, avec le doctorant. »
Chiffres clés et financement
« On a des thèses CIFRE avec tout type de partenaires : avec des grands groupes, avec des associations, avec des collectivités territoriales, avec des PME et des startups et 40% de partenaires industriels avec qui on met en place des thèses CIFRE. Un tiers des brevets déposés sont les suites d’une thèse CIFRE », témoigne Antoine Bouteilly.
Recruter un doctorant, pourquoi ?
Stéphane Chemouny, CEO de Certis Therapeutics, nous livre son retour d’expérience : « Ce qui est intéressant sur une thèse CIFRE, c’est le type de projet qu’on va pouvoir faire mener à la personne qu’on recrute, qui n’a rien à voir avec ce qu’on va demander à un ingénieur. Cela laisse plein de possibilités, notamment celle de prendre des risques, d’aller explorer des choses qui ne sont pas évidentes, de se perdre un peu. Évidemment, cela nous apporte beaucoup, notamment car nous n’avons pas les moyens de traiter les sujets très innovants en interne, on va s’appuyer sur les laboratoires pour cela. Et la CIFRE, pour moi, c’est le meilleur outil, au moins pour démarrer une collaboration de recherche. Le meilleur moyen d’avoir une relation suivie et productive avec un laboratoire, c’est la thèse CIFRE. »
Avec un recrutement à la clé pour le doctorant ?
« Selon le type de thèse, il y a des doctorants qui retournent à l’Université lorsqu’il s’agit d’une CIFRE académique, et d’autres qui s’intègrent ensuite de façon très naturelle en entreprise », conclut Stéphane Chemouny.